LA CIVILISATION EN MARCHE

LA CIVILISATION EN MARCHE

Le soir, solitaire, Marcellus Rufus regarde une fois encore le soleil descendre, « au bout du monde », sur un océan qui est la « fin de tout ». Voici un an déjà qu’il est ici, en garnison, loin de Rome, sa ville natale, dans cette province des Gaules annexée à l’Empire. Le centurion Marcellus Rufus songe. Il est citoyen d’un immense pays. Son beau-frère Caelius Isidorus est à I’autre bout de la terre romaine, dans cette Egypte lointaine où lui- même se trouvait il y a dix ans. L’empereur Auguste vient de mourir. Rome est puissante et Marcellus songe au temps où sa ville n’était encore qu’une humble cité. Maintenant l’Empire est « partout ». Il s’étend sur un immense quadrilatère qui va de la brumeuse Bretagne (la Grande-Bretagne) aux rives de la mer Noire, de la mer Noire à la mer Rouge, de la mer Rouge à l’Afrique du Nord. La méditerranée n’est qu’un vaste « lac romain ».
Marcellus fait partie de cette armée romaine qui a conquis « le monde » et établi la « paix romaine ». Si bien qu'aujourd'hui les legionnaires ne se battent plus, ils travaillent aux routes, aux aqueducs, aux ponts, aux remparts, aux ports. Ils aident même à la culture.
Hastatus romain (3eme siecle av JC).jpg
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Legionnaire romain (1er siecle ap JC).jpg
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Au début de la République, tout citoyen devait servir dans l’armée. Mais vers la fin de la République, seuls les soldats de métier formaient la légion. Ils percevaient une solde et en plus un salarium, argent destiné à acheter le sel (c’est de là que vient notre mot « salaire »).
Jusqu’à l’Empire, Rome n’eut pas d’armée permanente. L’armée impériale était constituée de vingt-cinq légions, comportant chacune six mille hommes. Les soldats engagés pour seize ans (plus tard, pour vingt) n’avaient pas le droit de se marier. S’ils étaient provinciaux, ils se voyaient octroyer le droit de cité à la fin du service.
Le légionnaire était équipé d’un bouclier à bord de fer lui protégeant tout le corps, d’une épée courte à double tranchant qu’il portait à sa ceinture et d’un javelot à hampe de bois et pointe de fer longue de 2 mètres. En outre, il portait une cotte de mailles faite de cuir et de bandelettes métalliques. Quand il était en garnison dans un pays froid, il portait un pantalon « barbare ».
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Avant la bataille, les légionnaires construisaient toujours un camp. Sous l’Empire, ces camps étaient des constructions permanentes installées aux frontières. Des éclaireurs choisissaient un emplacement pour le camp dans un endroit légèrement en pente. Puis un augure traçait l’enceinte rectangulaire assez vaste pour contenir une armée de deux légions. Après quoi, les légionnaires creusaient une tranchée le long du rectangle et avec la terre formaient un talus, Ils plantaient ensuite de longs piquets de bois qui constituaient la palissade. Deux routes se coupant à angle droit traversaient le camp et aux endroits où elles atteignaient la palissade, se trouvaient quatre portes où les soldats montaient la garde. On dressait alors la tente du général, et celle du questeur où se réglait la solde. Les soldats aménageaient le forum servant de lieu de réunion et de centre commercial, enfin leurs propres tentes. Dans les camps impériaux permanents, les soldats habitaient dans des baraquements plutôt que sous la tente.
Certaines légions restaient en garnison aux mêmes frontières pendant des dizaines d’années. Des agglomérations urbaines ne tardaient pas à se former. Ainsi naquirent certaines cités à partir du camp romain.
Rome, Soldat, Fantassin revetu du Sagum, avec le pantalon emprunte aux gaulois.jpg
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Rome, Soldat, Frondeur auxilliaire germain.jpg
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La masse de l’armée formait, en principe, quatre légions pendant les deux premiers siècles de la République (avant d’atteindre une vingtaine à la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ). A cette époque la légion (environ 4000 hommes) fut aérée et divisée en manipules. Elles comprenaient deux centuries de soixante hommes commandées par des centurions. Les soldats étaient classés en trois groupes les hastati qui, plus jeunes, combattaient en première ligne, les principes derrière eux, les triarri en troisième position, ces dénominations ne correspondant aucunement à un équipement particulier. Marius ouvrit les légions à tous les citoyens; la perspective du butin procura à Rome des armées plus nombreuses. Le volontariat put suffire et Rome eut, dès lors, une armée de métier. L’effectif de la légion avait continué à croître : il se stabilisa autour de six mille hommes. La légion était alors divisée en dix cohortes, chaque cohorte comptait six cents hommes, elle était l’unité tactique et se subdivisait en six centuries.
Elle fut cette armée romaine qui conquit tout le bassin méditerranéen et, disons-le, contribua à étendre, à élargir la culture latine, cette culture que Rome tenait de la Grèce.

L’armement défensif du soldat romain

Sous Marius, nous l’avons dit, l’armée romaine s’organisa vraiment. L’armement devint uniforme tous les soldats reçurent le pilum. César, lui, dota chaque manipule d’un étendard. Les boucliers des soldats de chaque cohorte étaient de couleur différente.
Les armes défensives du soldat romain étaient le casque, la cuirasse, le bouclier et les jambières.
Le casque en cuir (galéa) des origines fut supplanté par celui de métal (cassis). Les garde-joues ou jugulaires étaient souvent de grande dimension. Le casque des légionnaires sous Trajan portait une boucle sur le sommet pour pouvoir être suspendu à l’épaule pendant la marche.
A partir de Marius, les légionnaires portaient la cotte de mailles ou des cuirasses d’écaille de fer, d’os ou de bronze. Puis la cuirasse s’articula, Elle comprenait alors un corselet de lames de fer circulaires jointes par des charnières sur le dos et se fermant par des agrafes sur la poitrine. Deux épaulières protégeaient les épaules. Cela se portait sur une tunique de laine brune.
Le bouclier des romains était de deux types essentiels le clipeus ou blouclier rond et le scutum ou bouclier long, ovale ou rectangulaire.

Les armes offensives

Rome, Carquois, Epe d'officier dans son fourreau, Glaive iberique, Fronde.jpg
Rome, Carquois, Epe d'officier dans son fourreau, Glaive iberique, Fronde.jpg
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Les Romains, après avoir employé une épée du type grec, adoptèrent - après Hannibal - une arme plus longue, jusqu’à 80 centimètres, et plus pesante. Ce glaive se portait sur la cuisse droite dans un fourreau en bois recouvert de cuir.
Arme beaucoup plus importante que l’épée : le javelot (pilum). Il pouvait mesurer plus de 2 mètres, pesait environ 2 kilos; c’était un manche en bois sur lequel s’emmanchait un fer de lance.

La cavalerie romaine

Rome, Cavalier romain, Cataphractaire barbare, Cavalier romain.jpg
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La cavalerie romaine joua un rôle important dans les guerres. Le costume du cavalier était très analogue à celui du fantassin. Son cheval était équipé d’une housse en drap ou en cuir maintenue par une sangle, sans selle et sans étrier. Une bride, un mors sans gourmette, une têtière et des rênes complétaient son harnachement.
La cavalerie se composait d’archers à cheval (equites sagitarii), et de lanciers (contarii), la plupart du temps gaulois, germains, sarmates et numides. Les Sarmates fournissaient une cavalerie cuirassée appelée cataphractus.

Les machines de guerre

Rome, Arme de siege, Baliste.jpg
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Rome, Arme de siege, Belier.jpg
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Rome, Arme de siege, Onagre ou Scorpion.jpg
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Les Romains possédèrent très tôt une gamme étendue de machines de guerre destinées à la défense ou au siège des villes.
Sous l’Empire, la légion traînait avec elle cinquante-cinq balistes montées ou non sur roue et tirées par des attelages de mulets. Cette machine de guerre redoutable lançait au moyen d’une rampe inclinée à 45° des traits qui trouaient les cuirasses les plus épaisses ou des projectiles de 100 à 250 livres à une distance variant de 100 à 500 mètres. Servie par onze hommes, elle était employée au combat et dans les sièges.
L’onagre ou le scorpion s’apparentaient à la catapulte. La catapulte avait pour principe l’élasticité. On pouvait, grâce aux catapultes, lancer des charges de 80 à 100 kilos à 500 ou 1000 mètres de distance. Il existait des catapultes lourdes pour tir courbe, employées dans les sièges, et des modèles plus légers, montés sur roue et tirant de plein fouet. D’autres pouvaient également lancer des flèches.
Les béliers servaient à renverser les portes massives, voire à percer les murailles des villes assiégées. Le bélier se composait d’une forte partie terminée par une tête de bélier en fer et suspendue à une charpente supérieure. Il fallut attendre le XVème siècle de notre ère pour que le bélier cède le pas au canon.
Citons également les mantelets roulants, abris légers et modèles, la « chélonée » (tortue) galerie couverte pour les mineurs qui allaient saper le pied des remparts, le « tollenon », poutre portant un panier rempli d’assiégeant sur la muraille et enfin le corbeau démolisseur dont les crocs arrachaient les remparts ennemis.
Ajoutons que les romains utilisèrent l’éléphant de guerre (notre char d’assaut). La bête était bardée de plaques de fer protégeant la tête, les flancs, le poitrail et même la trompe. Ses défenses étaient prolongées par des pointes d’acier. Sur le dos du pachyderme était installée une tour garnie d’archers et de lanceurs de javelots. L’éléphant ayant l’habitude de déployer ses oreilles lorsqu’il est irrité, on peignait celles-ci de couleurs vives afin de rendre l’animal encore plus effrayant. Enfin, pour augmenter son agressivité on l’enivrait avec du vin aromatisé; ce qui d’ailleurs le rendait souvent aussi dangereux pour ses maîtres que pour ses ennemis !
Rome, Soldat, Buccinateur de l'infanterie legere, avec le pantalon emprunte aux gaulois.jpg
Rome, Soldat, Buccinateur de l'infanterie legere, avec le pantalon emprunte aux gaulois.jpg
Rome, Soldat, Buccinateur de l'infanterie legere.jpg
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Rome, Soldat, Buccinateur legionnaire, avec le pantalon emprunte aux gaulois.jpg
Rome, Soldat, Buccinateur legionnaire, avec le pantalon emprunte aux gaulois.jpg
La légion possédait sa musique militaire composée de tubicines, joueurs de tuba, les buccinatores, les cornicines dont l’instrument, la cornu était un peu moins recourbé que la buccina et enfin les liticines soufflant dans le perçant lituus.
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Le soldat romain portait sur lui tout ce qui lui était nécessaire, soit un poids d’environ 20 kilos, armes, pieux, scie, pelle, hache, panier, ustensiles de cuisine, sans compter une provision de blé de quinze jours. Encore fallait-il, à l’étape, élever son camp comprenant fossé, palissade et terrassement; tout cela même si la halte ne durait qu’un seul jour.


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